A chaque fois qu’Ornella mettait les pieds à Rock Creek Park, elle se sentait bien. Terriblement bien même. En vérité, c’était l’un des seuls endroits à Washington où elle pouvait être certaine de ne pas se faire surveiller par ses deux idiots de meilleurs amis Brett et Julian. Il fallait dire qu’elle n’était pas arrivée depuis très longtemps en Amérique du Nord. Et Ornella ne connaissait pas encore parfaitement la capitale qu’était DC. Après tout, la blondinette était italienne et avait un piètre sens de l’orientation. D’ailleurs, la première fois qu’elle s’était rendue à Northwest sans prendre de carte, l’ingénue s’était complètement perdue et avait appelé Julian en panique. Finalement, il avait réussi à la retrouver au bout de deux longues heures. Malgré le fait de s’être juré de ne plus remettre les pieds dans cet « horrible » endroit, voilà ou Ornella en était maintenant : la jeune femme ne pouvait plus quitter son petit paradis et se rendait au parc tous les deux jours.

Bon, il fallait l’avouer, malgré son statut de championne de boxe, l’italienne était absolument nulle dans tous les autres sports. Y compris le jogging. Elle avait un piètre niveau d’endurance. Mais étrangement, Ornella était décidée à continuer de courir, même si elle avait beaucoup de mal à s’améliorer. Peut-être que « Highway to Hell » de AC/DC en était pour quelque chose. Ecouteurs dans les oreilles, ses pieds touchaient le sol de graviers en même temps que les notes de musique. La jeune femme bougeait sa tête dans tous les sens, au rythme de la chanson. C’était peut-être sa seule motivation…

Chaque jour, Ornella décidait d’augmenter son temps de course. Mais aujourd’hui, au bout de seulement quelques minutes, l’italienne était déjà essoufflée. Ayant décidé de ne pas pousser ses limites au niveau critique, la blondinette s’était arrêtée non loin de l’entrée du parc, sur un banc fait de bois. Elle regardait les coureurs passer les uns après les autres, grand sourire aux lèvres. Qu’elle était heureuse de ne pas être à leur place, à souffrir le martyr. Pourtant, ses pensées allaient bientôt la devancer puisqu’une silhouette familière se dessinait au loin. Un garçon, brun, bel homme, plutôt grand arrivait à grandes enjambées. C’était bien lui. Jorden.

Ornella s’était levée, prête à l’accueillir à bras ouverts. Mais lorsqu’il passa près d’elle sans même lui adresser la parole, elle n’en crût pas ses yeux.

« Sérieusement ? » Avait-elle lâché après être restée bouche bée une bonne dizaine de secondes.