Par je ne sais quel miracle, j'avais fini par m'endormir. Certes je n'avais pas eu le temps ranger mon livre tant la fatigue s’était emparée de moi rapidement, vicieusement, mais au moins je dormais enfin d'un sommeil qui n'était troublé par aucun cauchemar … uniquement par une insupportable vibration qui ne voulait pas cesser. Je fronçai le nez, paupières closes en sortant doucement d'un sommeil visiblement encore trop léger. Ma chambre était quelque peu illuminée par l'écran de mon téléphone qui était la source des vibrations qui m'avaient tiré de mon sommeil. Visiblement, quelqu'un avait grandement besoin de moi et en voyant le nom de Sage sur mon écran je devinai la raison de son appel. Je l'appréciai vraiment beaucoup, il n'y avait pas à dire, sauf lorsqu'il m'appelait au beau milieu de la nuit et me faisait paniquer comme jamais. Sortie de mon lit d'un bond après avoir entendu la raison de son appel, je m'empressai de lui dire que j'arrivai tout de suite même si je dus faire un détour par la salle de bain afin d'y emprunter, une fois de plus, la trousse de secours. Bien que lui-même venait d'être blessé dans un carambolage, je n'eus pas la jugeote de rouler prudemment, mais je n’avais pas le temps pour ça, je regrettai simplement de ne pas avoir de sirène, ça m'aurait été bien utile. Finalement arrivée, je sortis de ma voiture, claquant bruyamment la portière pour ensuite courir vers celle dans laquelle il se trouvait et qui était vraiment dans un mauvais état. Si tu n'étais pas blessé crois-moi que je t'en aurais collé une belle. Dis-je en secouant la tête de gauche à droite avant de me battre avec la portière qui refusait de s'ouvrir. Mais c'était sans compter sur les entraînements que je suivais et qui me donnaient bien assez de force pour l'ouvrir et ainsi me permettre de me pencher vers lui pour commencer à vérifier qu'il n'avait pas de grosses blessures. Qu'est-ce qui c'est passé cette fois ? Finis-je tout de même par lui demander en auscultant ses jambes et en remontant en direction de son torse. Et ça pue l'essence … je te préviens que si ça prend feu je te laisse dedans, serment d’Hippocrate ou non ! Évidemment que je ne le ferais pas, mais la colère parlait pour moi. J'appréciai pourtant d'assister à ces courses illégales, ça avait quelque chose d'excitant que j'adorai, mais j'aimai bien moins lorsqu'un ami se blessait … là, évidemment, je trouvai ces courses particulièrement stupides … logique quoi.

Ne pas oser abîmer cette belle gueule d'ange ? Manquerait plus qu'il répète ça encore une fois pour que je lui prouve que, si, j'oserai sans le moindre remords. Seulement là il a surtout besoin que je m'assure qu'il n'a rien de grave plutôt que de se faire achever par mes petites mains expertes. « J'oserais mais c'est la dernière chose dont tu as besoin. » Finis-je tout de même par lui répondre pour ensuite l'aider à sortir de l'habitacle du véhicule en piteux état … comme Sage. « Un gars a mal calculé sa trajectoire et nous nous sommes tous foncés dedans. » Un carambolage géant, génial ! Avec un peu de chance les autorités n'allaient pas tarder à débarquer pour tous nous mettre au trou … autant dire que ce n'était pas vraiment le genre de soirée dont je rêvai. « Assis-toi. » Dis-je en l'aidant à prendre place sur le sol. Je finis de l'ausculter en faisant abstraction du reste. « Rien de grave. Je pense que tu as une ou deux côtes fêlées mais pour vérifier il faudrait passer un scan. T'as une belle entaille au niveau l'arcade mais rien de bien méchant ou dont je ne puisse pas m'occuper. » Je lui explique en regardant de plus près la fameuse coupure. « Je peux te faire passer discrètement aux urgences pour vérifier tes côtes, j'ai un collègue qui me doit une faveur, le reste je peux m'en occuper chez moi mais je tiens pas à rester ici, sinon je te ferais payer pour le reste de ta vie cette nuit derrière les barreaux qu'on risque de passer. » Oh je suis sûre que j'ai l'air très menaçante, vraiment.

Ça va pas être agréable pour lui de marcher, mais là on a pas vraiment le choix. On ne peut pas rester là. Que la police nous tombe dessus est la dernière chose que je souhaite et dont j'ai besoin. Alors je passe son bras autour de mes épaules et je l'aide à avancer jusqu'à ma voiture même si ça lui demande un effort surhumain, j'en ai bien conscience. « D'ailleurs je sais pas comment vous faites tous pour être attrapés si rarement, vous êtes pas franchement discrets. » Dis-je alors que nous arrivons enfin à ma voiture. La circulation est sérieusement contrôlée, surveillée par des caméras, qu'il ne soit pas derrière les barreaux pour un long moment sera toujours une grande surprise pour moi. L'odeur d'essence que dégage la voiture de Sage me force à me tourner vers celle-ci. Elle a prit feu ce qui m'étonne pas du tout et vaut mieux qu'on parte d'ici très vite avant qu'elle ne fasse plus que brûler. « Il a plutôt intérêt même ! Et puis j'ai pas envie que t'ai à te justifier auprès des médecins qui appelleront ensuite les flics. » Je lui explique en l'aidant à s'installer côté passager pour ensuite aller prendre place derrière le volant. « Mais je te préviens, tu vas devoir me remercier jusqu'à la fin de ta vie pour ça. » Je suis à moitié sérieuse. Je préfère l'aider dès que je le peux plutôt qu'il lui arrive quelque chose, mais il est vrai que je joue moi-même avec le feu. Le contact mit, je ne tarde pas à déguerpir en prenant la direction de l'hôpital où je fais mon internat.