Farrcroft, chez mes parents. Je rentre, le sourire radieux, et ma mère accourt vers moi pour me faire la bise, avec plus de retenue cependant. Elle découvre à mes côtés une charmante fille blonde que j’avais invité à venir dîner avec mes parents. Cela fait tout juste un mois qu’on est ensemble et elle enviait de rencontrer mes parents, j’avais déjà été invité par les siens une fois et la soirée avait été une franche réussite, du moins selon eux puisqu’ils trouvaient qu’avec leur fille on formait une jolie paire. Or j’avais détesté le plat principal et avais naturellement menti lorsque sa mère m’avait demandé si c’était bon. Son époux semblait se régaler de ce plat, j’ai donc supposé qu’elle l’avait préparé plus pour lui que pour moi. L’intention était là car il y avait eu l’entrée, puis le dessert, mais je n’étais pas venu pour les rencontrer, ni pour la cuisine car j’en avais envie, non cela avait été une torture. Ma petite-amie tenait à ce que je l’accompagne chez ses parents et je l’ai jointe à contrecoeur, pour faire bonne figure et car ils l’avaient demandé aussi. J’aurais dû lui faire comprendre que j’étais pas fan de ce genre de réunion mais par je ne sais quel stratagème elle avait réussi à me faire plier.
Et maintenant c’est au tour de mes parents de la rencontrer, de la connaître. Ce n’est pas rare que j’invite mes conquêtes à la maison, là c’est un peu différent car depuis Isla, je n’avais plus autorisé de filles à y mettre le pied. Du coup cette soirée est le signe que j’ai tourné la page de mon histoire avec Isla, j’entame une autre avec celle que j’ai fait venir ce soir. Contrairement à moi l’autre fois, elle s’était montrée très enthousiaste à l’idée de rencontrer ma famille. Elle n’a vu que ma mère pour l’instant et elle a ce don d’impressionner les filles que je ramenais en raison de sa minceur, elles ne l’imaginaient pas aussi bien conservée à son âge et tentaient de lui soutirer ses secrets, ce qui faisait rire mon père et vexaient certaines. Je passe la main autour de la taille de la nouvelle élue de mon cœur, la regarde un instant avec un sourire, avant de la conduire dans le salon où mon père nous attendait. À notre vue, il se redresse vivement de son fauteuil et se présente à la fille à mes côtés. Se tournant vers moi, la mine plus grave, je compris qu’il cherche à me dire quelque chose mais pas en présence de la blonde. Machinalement, je me détache d’elle et mon père se penche à mon oreille. « Mission accomplie, ce que tu cherches est dans ta chambre fiston. Ca va beaucoup lui plaire. À ton âge, j’aurais acheté la même chose pour ta mère. » Il éclate de rire et me serre rapidement dans ses bras. Je reste un instant avec ma copine qui discute avec mon père. Je prétexte une envie pressante alors qu’il l’invite à prendre place dans le sofa. Au lieu de rester en bas, je grimpe l’escalier deux à deux et déboule dans ma chambre. Des yeux, je cherche ce que mon père a dit avoir laissé là. Posé sur le lit, je le repère au bout de deux secondes. Je m’avance pour le prendre quand je vois une silhouette à ma droite, que je pensais pas trouver ici. Je me tourne, le visage transpirant. « Putain Cordi, tu m’as fait une de ces frayeurs. » L’ignorant une seconde, je me tâte à comprendre ce qu’elle fout là. N’était-elle pas à Washington normalement ? « Qu’est-ce que tu fais dans ma chambre, dans l’obscurité d’ailleurs ? Encore en train de comploter ? » Oui je sais qu’elle aime ça, on l’a toujours mal traitée dans la famille de toute façon, excepté notre mère qui la croit toujours saine d’esprit.