Je traversai le couloir en trombe et dus, évidemment, faire demi tour afin de récupérer mes clefs à nouveau oubliées sur mon bureau. J’attendais depuis plusieurs jours ce rendez-vous afin de savoir si les démarches pour valider mon titre de séjour avançaient toujours. J’avais des déboires avec sa validité depuis des mois c’est pourquoi, dépassée par la situation, j’avais engagé un avocat choisi par le plus grand des hasards dans l’annuaire, Maître NEMIROWSKI . Il m’avait paru tout à fait compétent dès notre premier entretien cela était déjà le quatrième que nous avions pour parler à nouveau de cette affaire qui traînait en longueur. En attendant, je ne pouvais circuler librement sur le territoire car à chaque fois on m’exigeait ce papier justifiant ma nationalité et mon droit de séjourner en Amérique, papier qui était périmé ou incomplet ou je ne sais plus quoi. Il devait m’apporter les dernières avancées de l’affaire et les pièces qu’il fallait que je fournisse. Ainsi, comme il avait un rendez-vous proche de Downtown nous avions convenu de nous retrouver aux abords d’un café pour que la pilule soit plus aisée à digérer si jamais les nouvelles s’avéraient négatives. J’avais encore les cheveux mouillés qui se débattaient tandis que je regrettais le confort de mes palmes et de mon tuba au profit de ses talons qui me correspondaient peu. Pourtant, je restais à l’aise arborant un simple jean et chemisier enfermé sous un duffle-coat au regard du temps extérieur.

J’arrivai enfin au point de rendez-vous mais je ne vis point mon avocat. Du coup, au lieu de trépigner sur le parvis, je décidai de m’installer en terrasse, il était presque onze heures et le temps était au beau fixe. Un serveur vint prendre ma commande et je choisis simplement un grand chocolat viennois, mauvaise adapte du café que je suis. Evidemment, j’insistai bien pour le nuage de crème soit aussi épais que la quantité de chocolat chaud, cela va de soi. J’allumais mon téléphone au cas où l’avocat aurait dû me prévenir d’un quelconque retard mais j’étais également en avance. Je sortis mon dossier avec les différents papiers qu’il m’avait demandés de fournir au cours des séances précédentes et je parcourus ces dernières en quête d’une quelconque réponse…en vain. J’attendais avec impatience sa présence qui ne se ferait pas prier. Je croisai les jambes tandis que mon chocolat arrivait. J’aurais peut-être dû commander quelque chose pour mon futur interlocuteur ? J’étais que peu coutumière de ce genre d’entreprise et je veillerai à lui demander ce qu’il souhaiterait dès son arrivée faite. A défaut, je récupérai le quotidien qui traînait sur la table d’à côté et m’enquis des nouvelles du jour : la Bourse était encore en berne alors que les policiers avaient enrayé une alerte à la bombe dans notre bonne vieille gare…que de mauvaises nouvelles en somme. Du coup, je choisis de m’orienter vers les petites annonces qui parfois me pliaient en deux : homme mûr recherche jeune midinette pour manège quotidien. Avouez qu’il y a de quoi rire…

Je suis devenu avocat parce que l’on m’a toujours inculqué la justice. Quand j’étais puni et que je disais être innocent, ma mère me demandait toujours de lui trouver des preuves pour qu’elle lève ma punition. J’aurais très bien pu devenir policier ou agent du FBI, mais les armes à feu ce n’est pas mon truc. Aider les gens à obtenir ce qu’ils souhaitent était devenu ma raison de vivre.

J’avais aujourd’hui rendez-vous avec mademoiselle Vega, une jeune femme dont le permis de séjourner aux Etats-Unis avait expiré. Nous nous étions donné rendez-vous dans un café, afin de m’éviter multiple trajet entre deux rendez-vous. J’entrai alors dans le café et la vit au loin en train de lire le journal tout en sirotant un café, je m’approcha d’elle et lui tendis la main pour une poignée de main, puis je m’installai en face d’elle. « Comment allez-vous ? » Je lui fis un petit sourire avant de voir le serveur arriver pour prendre ma commande, je commandai alors un chocolat chaud. « Bon, je viens de recevoir le dossier concernant votre demande de séjour, bien sur il faudra la renouveler elle n’est pas définitive ! Comme un avez un emploi ici, j’ai été voir le centre de recherche qui m’a fais un papier officiel, vous avez donc un visa de travail. Tant que vous êtes employer là-bas vous pouvez restez sur le sol américain. Le jour où vous démissionner, ou bien vous êtes licencier, il faudra faire une nouvelle demande. »

Pour vivre aux Etats-Unis il faut avoir la nationalité américaine, être né ici, se marier avec quelqu’un qui a la nationalité ou bien avoir un visa de travail. Vous n’imaginez pas le nombre de mariage blanc qui peut se faire à l’année et combien lance une procédure de divorce une fois qu’ils ont obtenu le visa permanant.

Un jour il faudrait que je me spécialise pour augmenter mes tarifs et me spécialiser dans une branche me permettrait de connaitre parfaitement mon domaine et de ne pas m’amuser à ouvrir un bouquin de loi sur chaque nouvelle affaire.